« Dans l'intervalle, les rênes du pouvoir, en cette période difficile, avaient été confiées aux blanches mains de la jeune princesse Yasmela, la soeur du roi. Les ménestrels chantaient sa beauté à travers tout le monde occidental et l'orgueil d'une dynastie royale était sien. Mais cette nuit là, sa fierté avait glissé de ses épaules comme une cape. Dans sa chambre dont la voûte était un dôme en lapis-lazuli, dont le sol de marbre était recouvert de fourrures rares et les murs prodigues en frises dorées, dix jeunes femmes, filles de nobles, aux membres délicats chargés de bracelets et d'anneaux incrustés de gemmes, sommeillaient sur des couches de velours disposées tout autour du lit royal au baldaquin en or et aux rideaux de soie. Pourtant la princesse Yasmela n'était pas couchée dans ce lit de soie. Elle était prosternée, entièrement nue, son ventre souple et plat au contact du marbre froid, comme la plus humble des suppliantes. Ses cheveux noirs et épais tombaient en cascade sur ses blanches épaules, ses doigts longs et fins étaient entrelacés. Elle gisait sur les dalles et se tordait, sous le coup d'une terreur abjecte qui figeait le sang de ses veines et dilatait ses splendides yeux, qui faisait se dresser la racine de ses cheveux brillants et frémir son échine souple. »
Robert E. Howard – Le Colosse Noir